«Lorsqu'un Musulman prie à Al-Aqsa, il lui tourne le dos. Ainsi que certaines de ses parties inférieures.» (Ariel Sharon)
par Daniel Pipes
Middle East Quarterly
septembre 2001
Version originale anglaise: The Muslim Claim to Jerusalem
Adaptation française: Alain Jean-Mairet
Le deuxième sommet de Camp David et l'«intifada Al-Aqsa» qui s'ensuivit vinrent confirmer ce que tout le monde savait depuis longtemps: Jérusalem constitue le problème le plus épineux auquel s'achoppent les négociations entre Arabes et Israéliens.
La question est en partie d'ordre pratique: les Palestiniens tiennent à ce que la capitale d'Israël devienne également celle de leur futur État, une chose que les Israéliens éprouvent beaucoup de peine à accepter. Mais le problème est surtout de nature religieuse: cette cité historique possède des lieux sacrés pour les Juifs comme pour les Musulmans (et pour les Chrétiens, naturellement, mais les Chrétiens actuels ne font pas valoir de droits politiques sur Jérusalem), et tous deux revendiquent avec insistance la souveraineté sur leurs lieux saints respectifs, lesquels se recoupent en partie.
À Jérusalem, les revendications théologiques et historiques ont de l'importance. Elles constituent l'équivalent des actes notariés de la ville et exercent une influence directe et concrète sur les événements. Les liens juifs et musulmans avec la cité nécessitent donc une évaluation
Comparaison des revendications religieuses
I. Le prophète Mahomet
II. Les Umayyades
Le règne des Abbassides
III. Les premières croisades
IV. Les Ayyubides
Le règne des Mamelouks et des Ottomans
V. Le règne britannique
Le règne jordanien (l'acte fondateur de l'OLP, la Charte nationale palestinienne de 1964, ne mentionne pas Jérusalem, ni n'évoque la cité d'aucune manière.)
VI. Le règne israélien (L'OLP rattrapa son omission de 1964 en mentionnant expressément Jérusalem dans sa constitution de 1968 comme étant «le siège de l'Organisation de libération de la Palestine».)
Théories douteuses
Positions anti-Jérusalem
Conclusion
Ce parallélisme entre La Mecque et Jérusalem fournit également une base de solution, comme l'écrit avec sagesse le cheik Palazzi:
Les différentes directions des prières sont un moyen d'amoindrir les possibles rivalités dans la gestion des lieux saints. Pour ceux à qui Allah a fait don d'un esprit équilibré et du sens de la réconciliation, il ne devrait pas être bien difficile de conclure que, de même que personne ne conteste aux Musulmans une souveraineté absolue sur La Mecque, il n'existe, d'un point de vue islamique – et ce malgré les revendications propagandistes et sans fondement prétendant le contraire – aucune raison théologique valable de nier un droit équivalent aux Juifs sur Jérusalem.
Pour étayer cette thèse, Palazzi énonce plusieurs passages frappants, et souvent négligés, du Coran. L'un d'eux (5:22-23) cite Moïse enjoignant aux Juifs de «pénétrer sur la Terre Sainte (al-ard al-muqaddisa) que Dieu vous a attribuée». Dans un autre verset (17:104), Dieu lui-même confirme ce point: «Nous dîmes aux fils d'Israël: ‹habitez cette terre en toute sécurité.›» Le verset 2:145 du Coran établit que les Juifs «ne sauraient utiliser ta qibla; et tu ne saurais utiliser leur qibla», reconnaissant ainsi le Mont du Temple comme la direction de la prière des Juifs. «Dieu lui-même dit que Jérusalem est aussi importante pour les Juifs que La Mecque pour les Musulmans», conclut Palazzi.
Son analyse conduit de manière claire et sensée au raisonnement suivant: de même que les Musulmans règnent sans partage sur La Mecque, les Juifs devraient jouir d'une entière souveraineté sur Jérusalem.
http://fr.danielpipes.org/article/1878