Juifs réformés ou déformés?
Déformé: Altérer la forme ou l'aspect de ... Reproduire de manière incorrecte, dénaturer.
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La vie juive en Amérique Par : le Rabin Ken SPIRO Quand nous avons quitté les Juifs des Etats Unis au début du XIXème siècle ils n'étaient que 6 000 environ. L'idée que l'on n'y jouissait de la liberté qu'à la condition de ne pas être " trop juif " décourageait leur immigration.La situation a changé dans les années 1830 quand ont commencé d'arriver les Juifs allemands. Les Juifs allemands n'étaient pas " trop juifs ". Ils étaient soit des Juifs réformés qui avaient renoncé aux principes fondamentaux du judaïsme traditionnel (voir chapitre 54), soit des Juifs " éclairés " qui avaient abandonné toute référence religieuse.
La plupart de ces Juifs vivaient à New York, dont la population juive s'élevait alors à 180 000 habitants. Elle allait bientôt passer à 1 800 000. A New York, le quartier juif était le Lower East Side de Manhattan. Ceux qui s'enrichissaient rapidement déménageaient vers le Upper East Side. Et ces Juifs ont acquis de grandes fortunes dans le Nouveau Monde. Citons parmi les noms les plus célèbres : Marcus Goldman, fondateur de Goldman, Sachs & Co. Charles Bloomingdale, fondateur du grand magasin Bloomingdale. Henry, Emanuel et Mayer Lehman, fondateurs de Lehman Brothers. Abraham Kuhn et Salomon Loeb, fondateurs de l'entreprise bancaire Kuhn, Loeb and Co. Jacob Schiff, gendre de Loeb et important financier américain. Joseph Seligman, un ancien colporteur devenu l'un des plus importants banquiers des Etats Unis.
Le " mouvement réformateur " américain Les Juifs allemands de New York ont construit la plus grande synagogue réformée du monde, le Temple Emanuel sur le Upper East Side, et beaucoup d'autres. Vers 1880, il y avait aux Etats Unis environ 200 synagogues, de rite réformé pour la plupart (90 %), car telle était l'obédience à laquelle se rattachaient les Juifs qui arrivaient alors dans ce pays. Le Hebrew Union College Le fondateur du " mouvement réformateur " américain a été Isaac Meyer Wise (1819 1900). Immigrant juif d'origine allemande, il créa et présida le Hebrew Union College à Cincinnati (Ohio), fondé en 1875. Ce fut le premier séminaire rabbinique américain, fortement teinté de conceptions libérales. Voici ce qu'écrit Joseph Telushkin dans Jewish Literacy (p. 393) :
(On pourra se référer, pour en savoir plus sur ce banquet scandaleux, à l'ouvrage : Critical Documents of Jewish History, édité par Ronald H. Isaacs et Kerry M. Olitzky, p. 60 61.) Ce " banquet tarèf " obligea les Juifs plus attachés aux traditions qui pensaient que les réformateurs étaient allés trop loin mais qui ne voulait pas demeurer dans l'orthodoxie à trouver une autre solution. Cela les conduisit à fonder un autre mouvement à l'intérieur du judaïsme.
Le mouvement " conservateur " En 1887, des Juifs traditionnels choqués par l'idéologie du " mouvement réformateur " fondèrent une alternative au Hebrew Union College. Il fut appelé le Jewish Theological Seminary, et il devint le bastion d'une obédience nouvelle, purement américaine : le mouvement " conservateur ". Les grandes migrations Ainsi se présentait l'état spirituel de la plus grande partie du judaïsme américain défini principalement par les Juifs allemands arrivés dans les années 1830 quand les grandes migrations venues d'Europe de l'est ont commencé au début du XXème siècle.
Comme indiqué plus haut (voir chapitre 57), 50 000 Juifs ont quitté chaque année l'Europe de l'est de la fin du XIXème siècle à 1914, soit un total de deux millions et demi, la plupart pour émigrer en Amérique. Ces Juifs étaient vraiment les plus pauvres parmi les plus pauvres. Ils n'avaient rien à perdre en venant aux Etats Unis, sauf peut être leur judaïsme. Et c'est malheureusement ce qui est arrivé. Comme ils n'étaient accompagnés ni par des rabbins, ni par des enseignants ou des dirigeants communautaires qui auraient pu contrebalancer les pressions exercées par les Juifs allemands américanisés, ces pauvres Juifs d'Europe de l'est se sont rapidement assimilés. (Nous examinerons plus loin le problème de l'assimilation en Amérique.) Les Juifs pieux et élevés dans les yechivoth n'ont pas participé aux grandes migrations. La plupart des rabbins, craignant qu'en fait de " pays en or ", les Etats Unis fussent surtout le " pays en or " de l'assimilation, prêchaient contre l'immigration. Voici ce qu'en écrit Arthur Hertzberg dans The Jews of America (p. 157) : En 1893, la plus éminente des autorités morales juives en Europe, Rabbi Israël Meir Ha Kohen [mieux connu comme le 'Hafets 'Hayim]... dépassa le ton de la simple exhortation pour s'opposer avec vigueur à l'émigration massive vers les Etats Unis. Il savait que cette émigration ne pourrait plus jamais s'arrêter, mais il disait, à l'intention de ceux qui suivaient les orientations données par les rabbins, préférer les persécutions en Russie à la réussite économique en Amérique... Ces positions sont devenues si ancrées dans les esprits qu'elles ont subsisté chez les grands dirigeants de l'orthodoxie européenne même pendant l'entre deux guerres, alors que la situation des Juifs européens allait en empirant sévèrement, toutes classes socio économiques confondues.
Epuisement et pauvreté Alors que la plupart des Juifs allemands réussissaient brillamment en Amérique, la vie était beaucoup plus dure pour les Juifs venus en masse d'Europe de l'est. C'est ainsi que, vers les années 1900, on comptait 64 000 familles entassées dans 6 000 logements du Lower East Side de Manhattan.
Leur crainte latente était celle de l'antisémitisme. Cette crainte était réelle, car il était bien vivant et se portait comme un charme dans le Nouveau Monde, malgré la tolérance religieuse des Etats Unis. Il n'y avait pas de pogroms, mais on y pratiquait la ségrégation sociale et d'autres formes de discriminations. Par exemple, en 1843, une douzaine de jeunes gens qui avaient demandé à adhérer à la Old Fellows Lodge se virent refuser l'entrée parce qu'ils étaient juifs. (Ils ont alors fondé leur propre club, appelé " L'Ordre Indépendant des Benei Berith ".) Autre exemple : En 1869, Joseph Seligman, le banquier bien connu, s'est vu refouler à la porte d'un hôtel de Saratoga Springs (Etat de New York), alors station climatique à la mode pour les classes aisées, parce que, fût il riche et célèbre, il n'en était pas moins un Juif. Si ces Juifs, dont la réussite était certaine, n'étaient pas admis à fréquenter les Américains non juifs, on peut imaginer comment étaient traitées les masses d'immigrants pouilleux. En 1894, Henry Adams, descendant de John Quincy Adams, sixième Président des Etats Unis, fonda la " Ligue pour la restriction de l'immigration " afin de limiter l'admission de tous " éléments malsains ", en premier lieu les Juifs. Voici ce qu'il écrivait dans son livre célèbre, The Education of Henry Adams, sur ceux qu'il voulait tenir à l'écart : Pas un Juif polonais fraîchement arrivé de Varsovie ou de Cracovie, pas un furtif Jacoob ou Ysaac puant encore le Ghetto, ronchonnant un yiddish bizarre aux fonctionnaires de la douane... Il rallia à sa cause beaucoup de partisans, mais il n'eut pas gain de cause. On peut d'ailleurs dire qu'il a perdu en 1906 quand le Président Théodore Roosevelt nomma un Juif, Oscar Straus, le premier Juif à devenir membre du gouvernement américain, aux fonctions de Secrétaire au Commerce et au Travail, chargé en particulier de l'immigration. Cependant, les antisémites n'ont pas baissé les bras, ainsi que nous le verrons plus loin en examinant les facteurs qui ont conduit au développement du visage hideux de l'antisémitisme au cours du XXème siècle. Note prochain chapitre : Le visage de l'antisémitisme
Traducton et adaptation de Jacques KOHN |
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Si les Etats-Unis sont aujourdhui le seul Etat au monde qui reste - relativement - aux côtés d'Israël sur la scène internationale, c'est entre autres grâce à la présence dans ce pays d'un important courant évangélique ouvertement et activement pro-israélien. Les motivations profondes de ce soutien sont souvent discutées, à tort ET raison, mais il est un fait que ces dizaines de millions de citoyens américains croyants pèsent sur la politique proche-orientale de l'Administration américaine, surtout quand elle est républicaine, mais aussi démocrate.
Ceci n'est pas du tout du goût des..Juifs réformés américains! Dans un appel lancé lors d'un congrès du mouvement, le Président des communautés réformées, Erik Yoffe, a demandé "à ne pas collaborer avec les organisations chrétiennes amies d'Israël, car elles sont trop...à droite"!! David Burg, Président de l'une de ces organisations s'est dit "profondément choqué et blessé" par un tel appel. Pour Burg, la raison d'une telle prise de position est due principalement "à l'activisme constant des organisations chrétiennes contre les pressions sur Israël pratiquées par l'Administration américaine mais aussi de la part de ces milieux juifs réformés, afin d'obliger Israël à faire des concessions majeures pour arriver à un accord de paix". Des dizaines de milliers de Chrétiens américains envoient quotidiennement des e-mails à Washington pour demander au gouvernement "de laisser Israël choisir selon ses propres intérêts et en toute indépendance".
C'est lors de l'assemblée annuelle des "Rabbins" du Mouvement réformé, cette semaine, qu'Erik Yoffe a lancé cet appel insolite. "Ce que les Chrétiens considèrent comme un soutien à Israël, et ce que nous considérons comme tel, sont deux choses totalement opposées, car les Chrétiens soutiennent des positions de droite qui sont contraires à l'opinion majoritaire en Israël (sic)"!!
A cela, David Burg a répondu que "Yoffe se base sur des données inexactes. Nous ne disons pas à Israël comment agir. Nous demandons juste à ce que les Israéliens et leur gouvernement puissent agir sans pressions extérieures, et selon l'intérêt strict de ce pays. C'est une position qui n'est ni de droite ni de gauche. Les Juifs réformés, quant à eux voudraient qu'Israël se plient aux pression internationales et fassent des concessions continuelles, même sur Jérusalem Ceci est clairement politiquement marqué".
Burg insiste sur l'aide énorme apportée par les différentes organisations chrétiennes amies d'Israël, sur le plan politique, mais aussi économique: "Cette semaine, nos avons donné 2 millions de dollars à des institutions éducatives orthodoxes, et dimanche prochain, ce seront 4 millions de dollars qui seront accordés à différentes organisations, dont 'Nefesh Benesfesh' qui encourage et organise l'alyah des Juifs américains. Parallèlement, le Pasteur John Hagee, président de toutes les organisations chrétiennes est en Israël en ce moment, avec mille sympathisants".
Le Centre Menah'em Begin a accueilli hier jeudi une cérémonie en l'honneur de la sortie de deux livres écrits par David Burg et John Hagee, consacrés au soutien à Israël. Lors de cette cérémonie, le Rav d'Efrat, Shlomo Riskin, et le député Rav Benny Eilon (Ihoud leoum - Mafdal), ont pris la parole.